14 janvier > 14 mars 2004
Avec Jean Bertholle et Jean Le Moal
Jean Le Moal (né en 1909) et Jean Bertholle (1909-1996) appartiennent à ce que la critique des années 40 et 50 a appelé « la tradition française » issue de Cézanne en passant par Braque, Picasso, Matisse, Villon et dont la « Nouvelle École de Paris » se veut l’héritière. Ils ont pour commune passion : celle « d’édifier un art nouveau en poursuivant la voie que leur avaient tracée leurs grands devanciers » (André Lejard)
Figuratifs à leur début, ils se sont orientés un temps vers le Surréalisme, une synthèse équilibrée de certains éléments de la pratique cubiste (pour la construction) et de l’esprit surréaliste (pour le souffle poétique). Le passage à la non-figuration vers la fin des années 40 est senti comme une nécessité absolue, un besoin d’une liberté picturale toujours plus grande. Gommer les références, s’éloigner de l’objet pour aller vers l’essentiel tel a été leur préoccupation majeure.
Mais pour éviter toute gratuité au langage des formes et des couleurs, ils adoptent une abstraction relative fondée sur une peinture de relation avec la Nature.
Si l’œuvre de Le Moal indique clairement une volonté constante de traduire, par la peinture, la structure intime de la nature et les rythmes élémentaires qu’il cherche à saisir au-delà des apparences, celle de Bertholle aux accents fantastique et surréalisant se situe à mi-chemin de l’abstraction et de la figuration, de l’ésotérisme et de la géométrie.
La rétrospective des œuvres présentées, créations de 1930 à 1990 regroupant peintures, sculptures, objets-peintures, tapisseries, a pour dessein d’évoquer soixante ans d’aventure picturale au cours desquels ces deux compagnons de toutes les aventures picturales d’après-guerre se cherchent, se trouvent et s’épanouissent. Elle permet de suivre le cheminement, fait d’humilité, d’une création perpétuellement remise en question, aux rebonds majeurs, traversée de crises fécondes mais toujours en quête de son propre dépassement.