Univers photographiques

30 octobre > 2 décembre 2012

Avec Sylvain Desmille, Charlotte Hjorth-Rohde et Philip Provily

La visée photographique de Sylvain Desmille (France), Charlotte Hjorth-Rohde (Danemark) et Philip Provily (Pays-Bas) est de révéler des mondes avec la liberté de faire surgir des formes, « une réalité de la réalité », de produire (et non reproduire) des images allusives pour interroger et de leur donner du sens. Leurs photos ne sont pas des témoignages de vie concrète. Elles retirent la possibilité d’une identification immédiate. En noir et blanc ou en couleur, leurs clichés acceptent l’interpénétration du réel et de l’imaginaire.

Marchant sur les traces de Brassaï, de Kertész, Sylvain Desmilles scrute le réel pour y déceler des moments fugaces et insolites, entre disparition et émergence. L’ordinaire familier rendu magique par le travail sur la matière photographique devenue presque picturale. Libérée de son prétexte réel, l’image s’ordonne et s’offre comme un ensemble de signes poétiques, à la limite de l’abstraction.

Les captures du réel de Charlotte Hjorth-Rohde relèvent d’une expérience individuelle et intuitive. Des « images-sensations » perçues, senties et vécues. Elle pratique un carnet de route intime, entre monde interne et réalité choisie, dans lequel la lumière joue le rôle d’accentuation à la fois lyrique et mystérieuse.

Tout à l’opposé, Philip Provily est un manipulateur des apparences avec l’outil photographique. Il excelle dans la représentation des images mentales composées avec soin et humour, proche du surréalisme. Dans un espace clos et théâtral, l’ombre y est subtile, la lumière y est claire et nette pour être plus percutante.

Marqueurs de vie, trois univers photographiques offerts à nos yeux avides d’images.

Charlotte Hjorth-Rohde, "Canal St-Martin", 2011

La nature selon les frères Emdadian

12 décembre 2012 > 13 janvier 2013

Avec Davood Emdadian et Ayoub Emdadian

Le dialogue Homme-Nature, éternel et passionné, n’a cessé de captiver peintres et poètes.

Peindre des paysages prolonge la paix intérieure et dans ces représentations se devinent aussi les épanchements de l’âme.

Interprétation descriptive ou métaphysique, cette quête de l’affinité entre l’être et le non être guide inlassablement le travail pictural des deux frères.

Davood Emdadian (1944-2005) exalte l’arbre (figure romantique du XIXème siècle) mystérieux, monolithique, touffu et généreux ; Ayoub Emdadian (né en 1950) célèbre le rocher, entité stable à l’aspect tourmenté ou joyeux, fantastique ou paisible.

Pour la première fois, leurs œuvres sont rassemblées dans une exposition. Conversation picturale – à travers l’éloge fait à la nature – qui réunit les frères complices au-delà même de la mort.

 

Echo 195x170 huile sur toile 2003
Davood Emdadian, "Echo", 2003
Ayoub Emdadian, "Exil", 1986

André Maire, au fil du Mékong

13 février – 30 mars 2013

André Maire (1898-1984) parcourt le monde par goût d’évasion, de dépaysement et par soif de connaissance, craignant de « peindre pratique ». Il puise dans ses voyages un indispensable stimulant et des thèmes d’inspiration. Avec l’obligation de rendre les émotions et les sensations que le sujet éveille en lui. Chaque pays traversé est ainsi source de renouvellement.

En Extrême-Orient, la nature indochinoise sollicite son esprit et nourrit son imaginaire. De 1919 à 1921 et de 1948 à 1958, André Maire se plaît à représenter, entre autres, des scènes de vie dans le paysage évoquant l’animation des bords du fleuve du Mékong, le quotidien des minorités ethniques des hauts plateaux du Viêt-Nam, du Laos et du Cambodge, en totale empathie avec les hommes et les femmes rencontrés lors des périples. De ce contact prolongé, André Maire établit définitivement son univers graphique et plastique où il vise un effet d’ensemble, le rendu émotionnel d’un monde qui reste, pour l’artiste, un monde autre, extraordinaire.

Les œuvres sur papier, issues de la collection de madame Laure Harscöet-Maire, fille d’André Maire, offrent l’occasion d’apprécier le travail de ce peintre humaniste hors du commun. Des esquisses, des dessins élaborés travaillés dans diverses techniques (sanguine, fusain, sépia, pierre noire), des gouaches témoignent de l’acuité du regard de ce peintre voyageur.

André Maire a vu « magnifiquement la coutume et la couleur » (E.Fromentin), une perception aussi romantique et sensuelle qu’Eugène Delacroix dans son impression orientaliste.

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André Maire, "Le marché à Dalat", c.1950 © Adagp, Paris, 2013 © Philippe Grossot

Henri-Georges Adam

12 avril – 2 juin 2013

Henri-Georges Adam (1904-1967) rêve de devenir champion de motocyclisme. À défaut  d’être un grand sportif, ce proche de Picasso et des surréalistes est devenu un artiste non figuratif, polymorphe jetant le pont entre la gravure, la sculpture et la tapisserie. Avec la même ténacité.

Suivant Le Corbusier dans sa volonté d’intégrer l’art dans le milieu public, il est le pionnier de la sculpture architecturale. Il est remarqué pour avoir innové le « fil à fil »  dans la tapisserie inventé pour ne plus avoir recours aux fils teints. Ses burins monumentaux, Dalles, Sable et Eau, La Terre, Les Mois, entre autres, ont fait sa renommée.

L’écho rencontré par son œuvre le place parmi les grands créateurs avant-gardistes de l’après-guerre : Brancusi, Arp, Calder, Giacometti… Dans les années 50, animé par un dynamisme « sportif », il enseigne le dessin à Antony (un collège rue des Rabats porte actuellement son nom) puis la gravure et la sculpture monumentale à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris.

En pleine veine créatrice, Henri-Georges Adam connaît un sort malheureux, emporté trop tôt par une crise cardiaque. Il reste aujourd’hui méconnu.

Un important prêt de la galerie parisienne Gimpel & Müller permet de revoir le travail d’Henri-Georges Adam sculpteur amoureux des grands volumes, beau graveur et peintre cartonnier créatif. À travers une soixantaine d’œuvres, des dessins, des encres, des cartons peints, des gravures grand format, des sculptures et maquettes d’œuvres monumentales, se résume le cheminement de cet artiste majeur du XXème siècle injustement oublié.

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Henri-Georges Adam, "Barque gravée", 1956

Artistes à découvrir 2013

12 juin > 21 juillet 2013

Avec Geneviève Chevallier, Silvia Depaire, Muriel Rohr, Jean-Claude de Guyenro et François Gibault

Avec des alternatives de succès difficiles, tout ouvrage artistique exige de la part de celui qui crée, disposition, pratique et généralement une patience infinie.

Ainsi de l’argile crue à la science savante des cuissons (par la magie du feu), Geneviève Chevallier commence à appréhender le monde de la céramique, il y a une trentaine d’années. Son savoir-faire conquis l’amène à une œuvre sophistiquée, sensible, puisée dans la nature végétale et minérale. La pratique du Raku offre à Geneviève Chevallier du bonheur dans le hasard. L’étape où l’on n’est plus maître de la pièce.

À chaque toile commencée, penser en formes, couleurs et matières est une « aventure méthodique » sans cesse renouvelée. C’est souvent un long cheminement dont l’instant de bonheur est rarement atteint. Et pourtant… Silvia Depaire, Muriel Rohr, Jean-Claude de Guyenro et François Gibault ont choisi la peinture pour l’effusion de leurs sentiments.

Palette brillante, touches légères et vibrantes, les natures mortes et paysages de Muriel Rohr révèlent le plaisir et l’enthousiasme de découvrir l’univers pictural. Silvia Depaire éprouve un besoin insatiable d’explorer tous les moyens techniques qui soutiennent son introspection de la mémoire. Le recours à la couleur et au jeu de la pâte permet à Jean-Claude de Guyenro de dépasser l’image cernée vers un imaginaire plus fluide. Ses paysages urbains ne dépendent plus de leur véracité. Le philosophe François Gibault a attendu longtemps pour prendre le pinceau. Avec une totale liberté, il pratique une peinture d’expression directe, privilégie le geste physique.

La manifestation Artistes à découvrir @ la Maison des Arts, édition 2013 propose la rencontre de ces artistes enthousiastes dont la seule préoccupation est de se faire plaisir dans la création, par goût de travail manuel.   

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Sylvia Depaire, "Souvenirs d'enfance - Raies de lumière", 2010
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Geneviève Chevallier, "Graine de rêve verte", 2012

Marc Riboud, de livre en livre, d’image en image

2 octobre > 17 novembre 2013

Marc Riboud est l’auteur d’images inoubliables dont les emblématiques Le peintre de la Tour Eiffel (1953) et La Jeune fille à la fleur (1967). Depuis 60 ans, c’est un photographe curieux qui aime voir et découvrir le monde avec l’étonnement d’un enfant.

Invité par Henri-Cartier Bresson et Robert Capa, les fondateurs de Magnum Photos, il rejoint l’Agence dans les années 50. Membre actif, il parcourt assidûment la planète, couvre les événements majeurs du XXème siècle évitant toute recherche d’effet et de violence.

Avec une extrême liberté dans le choix des sujets, Marc Riboud explore tout ce qui s’offre à son regard attentif, prêtant une attention délicate à ses rencontres, gardant néanmoins la distance nécessaire pour bien voir. La primauté donnée au plaisir de l’œil, à la surprise visuelle et à la composition de l’image, fait des instantanés de Marc Riboud « des documents chargés de beauté, de force et de vérité » (Han Suyin).  

Sa passion pour la photographie se poursuit jusqu’à l’élaboration de l’ouvrage, une longue chaîne qui va du négatif au BAT (bon à tirer). La séquence, l’enchaînement des images imprimées, la qualité et le rythme de la mise en page permettent de montrer un récit complexe, d’affirmer une vision personnelle. De livre en livre, ces moyens d’expression contribuent à l’aboutissement de son travail de créateur.

Les tirages présentés sont de formats variés. Ils sont extraits des albums suivants : La Femme japonaise (1959), Les Trois Bannières de la Chine (1966), Visage du nord Viêtnam (1970), Huang Shan, les Montagnes célestes (1989), I comme Image (2011), 1,2,3 Image (2011) et Choses vues (2012). Des chroniques de vie, pleines d’humour et d’humanité à capter avec plaisir. Tout en respectant les règles du photojournalisme et de l’esthétique, l’œuvre de Marc Riboud témoigne de la beauté du monde à travers le chaos politique et social. 

Marc Riboud, "Manifestation contre la guerre du Vietnam, Washington,", 21 octobre 1967

Thierry Alonso Gravleur

27 novembre 2013 > 12 janvier 2014

Thierry Alonso Gravleur (né en 1966) abandonne une scolarité classique à l’âge de 17 ans pour devenir l’assistant de son père, le peintre d’origine espagnole Angel Alonso (1923-1994). Cet apprentissage auprès d’un père, proche ami de Pierre Tal-Coat et de Nicolas de Staël, aurait pu l’orienter vers un langage formel abstrait. Au contraire.

Depuis les années 1990, Thierry Alonso Gravleur consacre son art à l’exploration de la figure humaine. Loin de la simple représentation descriptive. La palette réduite aux couleurs essentielles (noir, blanc, bistre récemment vert émeraude), le trait vigoureux, il capte et rend la vie frémissante, saisit le secret insondable du visage.

De profil ou de face, les multiples variations de la tête humaine – construite par strates – démontrent que le thème ne peut être épuisé. Aucune narration. Excepté un travail constant sur le regard devenu expression singulière qui nous convoque à un face à face silencieux mais fébrile.

Seuls, les dessins hâtivement griffés à l’encre – de vraies gravures qui rappellent sa formation auprès du peintre et graveur chilien Enrique Zañartu – livrent un humour noir caricaturant un monde en désolation.

Sur toile, sur papier ou en terre, des visages, une soixantaine, révèlent un portraitiste attentif de la condition humaine. Avec un réalisme et un style qui font écho aux portraits « humanistes » de Vélasquez et de Goya. Une manière pour Thierry Alonso Gravleur de s’inscrire pleinement dans un héritage artistique qu’il renouvelle.

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Thierry Alonso Gravleur, "Sans titre", années 2000

L’art cinétique vénézuélien, jeux de mouvement

12 février > 30 mars 2014

Avec Jesús Rafael Soto, Francisco Salazar, Cesar Andrade, Manuel Mérida, et René Ugarte

Dans le contexte d’ébullition intellectuelle et artistique intense des années 1950, une nouvelle génération cosmopolite d’artistes abstraits met l’abstraction géométrique au service de l’art cinétique. Refusant le tableau immobile et figé, ils font l’éloge du mouvement et de l’instabilité des formes comme médium à part entière de la création, jouent sur l’ambivalence de la perception pour une interprétation originale de la réalité, toute grouillante de forces vives (Soto).

L’intention n’est pas une nouveauté absolue. Elle se réclame des expériences antérieures : celles des futuristes, des constructivistes, de Marcel Duchamp.

En dialogue avec la science, la technologie, l’art cinétique est expérimental englobant une grande variété de techniques, de styles qui se chevauchent pour une mutation de l’œuvre d’art devenue perceptuelle et interactive. Désormais, l’œuvre est une proposition ouverte, l’artiste un chercheur, le spectateur un acteur et co-créateur de l’œuvre (F.Popper).

À la recherche d’un art vraiment abstrait et universel, Jesús Rafael Soto (1923-2005), d’origine vénézuélienne, est venu à Paris en 1950 pour devenir l’un des pionniers de l’art cinétique. Il a travaillé sur la dématérialisation de l’œuvre, les seuils de perception, le trouble sensoriel, autant de problématiques toujours au centre du travail de ses compatriotes Francisco Salazar (né en 1937), Cesar Andrade (1939), Manuel Mérida (1939) et René Ugarte (1951).

Une trentaine de réalisations abstraites, composées de formes géométriques simples, nous convie à expérimenter la vitalité de la création cinétique vénézuélienne moderne et contemporaine. Elle confirme la déclaration de Soto : Les créateurs de l’art cinétique ne sont pas réunis pour fonder un « isme » et chacun d’entre nous a un style très différent.

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Soto, "Circulo virtual blanco con gris", 1977 © Adagp, Paris 2014

Jansem, d’après nature

9 avril > 1er juin 2014

En août dernier, disparaissait à l’âge de 93 ans un des principaux artistes français reconnus sur le plan international : Jansem. La Ville d’Antony est heureuse de rendre hommage à cette figure majeure de la scène artistique.

Tout au long d’une carrière de plus de soixante-dix ans, Jansem a créé une œuvre foisonnante aux couleurs lumineuses et subtiles. Parmi les nombreux thèmes développés par l’artiste, la Maison des Arts d’Antony a fait le choix de présenter ici les paysages de Jansem qui retracent ses voyages et ses nombreux séjours en Italie dont il a su saisir l’intemporalité.

La quarantaine de dessins et de peintures réalisée d’après nature permettra à tous ceux qui l’aiment déjà comme à tous ceux qui ne le connaissent pas encore de découvrir avec bonheur ce très grand artiste.

Jansem, "Collines de Toscane", 1981 © ADAGP, Paris 2014

Michel-Henry

11 juin > 20 juillet 2014

La Maison des Arts présente une rétrospective de 65 ans de peinture consacrée à l’œuvre de Michel-Henry.

Personnalité spontanée et joyeuse, l’artiste surnommé « le peintre du Bonheur » occupe une place unique dans l’art actuel. Célébrant les charmes d’une nature aux couleurs éclatantes, il tourne le dos à la tristesse et à la mort pour nous transmettre une vision sereine de la vie et chanter la magnificence fugitive de la création. Il acquiert très tôt une célébrité internationale, puis l’intérêt de collectionneurs prestigieux.

Michel-Henry manifeste dès son plus jeune âge son goût pour la peinture, encouragé par sa mère Lily et son grand-père, peintre amateur. A l’âge de 18 ans, il présente une première toile « L’Hiver à travers la baie » au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts au Palais de Tokyo à Paris. Puis il entre à l’école des Beaux-arts de Paris et fréquente l’atelier du peintre figuratif Eugène Narbonne, ami d’Othon Friesz ; le même atelier où Bernard Buffet fut élève peu de temps avant Michel-Henry. On lui apprend la construction rigoureuse, les lignes de forces sombres, le jeu des couleurs et des transparences qui caractérisent l’œuvre de Michel-Henry.

C’est un premier prix à la Maison Descartes d’Amsterdam en 1956, suivi d’un prix à la Casa Velasquez de Madrid, qui lui donnera le goût des voyages, à la découverte de nouveaux paysages qu’il retranscrit sur la toile.

Il y puise des thèmes d’inspiration, réalise des croquis, prend des notes et recrée la nature d’après sa vision ressentie et interprétée. « Peindre c’est ressentir » disait Constable, le maître anglais du Paysage. L’artiste est toujours là dans le choix de la composition, les couleurs, le cadrage, l’organisation des éléments. C’est ainsi que les bouquets colorés de Michel-Henry posés telle une offrande au premier plan au bord d’une fenêtre, sont une invitation à entrer vers le fond du tableau représentant une vue de Paris, de Venise ou de Rome, vers une profondeur mystérieuse.

En même temps que les paysages, Michel-Henry peint la nature morte ayant pour sujet des bouteilles, des carafes de cristal, des fruits. Ses peintures sollicitent le désir de voir au-delà de la représentation de l’objet et des transparences. Mais loin de renvoyer à la fugacité de l’existence, l’artiste immortalise chaque fruit, chaque fleur sur ses toiles comme un hymne à la vie et à la joie.

L’exposition rassemble près de 70 œuvres dont 57 peintures et une sélection de dessins, livre illustré et objets en porcelaine, provenant de la collection personnelle de l’artiste et de collections privées.

Venise
Michel-Henry, "Lumière de parle sur Venise", 2005 © ADAGP, Paris 2014