11 mai > 24 juillet 2011
Gérard Le Cloarec, né le 29 décembre 1945 à Penmarc’h (Finistère), développe son goût pour le dessin dès l’âge de dix ans. Prédilection qui le conduit à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en 1964. Diplômé en 1968, il se voue uniquement à la peinture à partir de 1972. Et un dessein : être au monde et peindre, être témoin de soi-même pour l’être de son temps.
Pendant toutes ses années de formation, Gérard Le Cloarec se montre réceptif à l’influence de la Figuration narrative, se rallie à la Figuration critique, des mouvements artistiques utilisant l’art comme outil de transformation sociale. Malgré cette adhésion initiale et quelques années consacrées à la Jeune peinture, il ne participe véritablement à aucun d’entre eux.
La peinture est toujours à réinventer ; elle peut infiniment trouver des formes nouvelles qui correspondent à une vérité, celle d’une époque comme celle d’un individu. Le monde présent est un univers de codes binaires, de réseaux numériques, de flux de pixels. Dans ce cybermonde naissant, Le Cloarec veut assurer le relais entre le geste pictural et le code informatique, loin des écoles et des manifestes.
Depuis les années 90, les bases du style de Gérard Le Cloarec sont posées, dans une harmonieuse synthèse, entre tradition et innovation, où le portrait tient une place prépondérante. La tête entière est ce que l’on peut voir de plus riche et de plus fin. Elle exige du peintre son attention la plus soutenue. Les visages sont des histoires, ce n’est pas un sujet que je vois mais un émetteur de signes.
Dans la série des portraits, d’ethnies aux célébrités, l’esprit, l’œil et la main de Le Cloarec tendent moins à décrire les portraiturés qu’à les connaître, à les faire surgir, à les préciser grâce à un ensemble de signes qui soit à la fois idéogramme et masque. Une technique bien personnelle qu’il exploitera tout au long de son œuvre. Des traits, des croix, des lignes, des touches irrégulières (formant la grille graphique selon Braun-Vega) fragmentent analytiquement la forme. Des inscriptions de chiffres, de lettres engendrent un type de représentation par scanning, par synthèse (combinaison), génèrent une dimension algorithmique. La rigueur de la composition disparaît derrière les plans richement colorés. Avec ses autoportraits, Le Cloarec ne déroge pas à la règle, l’introspection psychologique n’étant pas le but recherché. Seuls les portraits de femmes en buste, mi-sphinges, mi-robots, révèlent l’intensité d’une énigme.
Une quarantaine de portraits originaux et forts, dont les plus récents « Rembrandt », « Dürer », « De Vinci », « Magritte », « Tanguy », « Max Ernst », sillonne l’univers fantasque de Gérard Le Cloarec. Elle offre surtout la trace éclatante de l’ambition d’un artiste fécond qui se veut précurseur de l’art numérique.